Port Hedland, une ville dont
j’avais beaucoup entendu parler en France, elle a tenu ses promesses. Nous y
sommes arrivés sans plus un sou, ruiné (comme prévu). Nous entamons donc
rapidement la recherche d’un job. Pubs, restaurants, hôtels… Nous cherchions
n’importe quoi pour renflouer les caisses, c’était urgent. Le picking de fruit,
c’est fini en tout cas. Ici, ce n’est pas possible. Nous sommes dans une ville
minière, la terre est rouge, gorgée « d’Iron Ore », soit du minerai
de fer. Des énormes machines ont poussé autour de nous.
Les toits, les voitures, les
gens, tout est recouvert d’une fine pellicule de poussière rouge. Les bateaux
attendent par dizaine à l’entrée du port pour se charger du riche nectar. Nous
assistons toute la journée au balai des road trains, camions à minimum trois
wagons, et des trains interminables. Nous sommes dans une vraie fourmilière
humaine, où le profit est de mise. En tant qu’ingénieur, il serait intéressant
de trouver quelque chose dans notre domaine, la ville semble nous offrir la
possibilité d’exploiter nos compétences. C’est ainsi que nous nous dirigeâmes
vers les grosses entreprises du coin. BHP Billiton contrôle la ville, les
autres sont des sous-traitants de cette énorme firme. Mais celle-ci est
inaccessible, le travailleur doit faire ses preuves ailleurs avant de pouvoir
atteindre le Saint-Graal. Notre CV en main nous entamons notre petit tour des
compagnies du coin. Le poisson n’a pas vraiment l’air de mordre. Après un jour
de recherche entre job d’ingénieur et « petits boulots », nous sommes
contactés par le gros hôtel du coin, une ancienne prison reconverti en
pensionnat pour travailleurs. En effet, il ne s’agit pas d’un hôtel touristique
car des touristes, ici, il n’y en a pas. Port Hedland est une ville pour travailleurs
où il n’y a rien à faire. Les gens viennent pour bosser et rentrent chez
eux toutes les deux semaines. De plus, la nuit dans cette hôtel varie entre 250
et 400$ pour des chambres de 10m² avec douches collectives (et barreaux aux
fenêtres…). Autant dire qu’aucun touriste ne s’y attarde. Nico et moi sommes donc embauchés pour s’occuper de la maintenance. Au préalable, un petit tour au
drogue et alcool test était obligatoire. Nous somme plutôt surpris. Nous
comprenons très vite qu’ici à part picoler les gens n’ont rien à faire.
L’alcool est très présent et nous nous en rendons vite compte en vidant les
poubelles de l’hôtel. La gente masculine est également très présente (cf. Ecole
d’ingénieurs) et le nombre de femme très faible, ce qui nous donne en
conclusion de l’alcool dans les poubelles et des cartons de DVD
pornographiques ! C’est le coin à connaître !! Peu importe, ce job
était parfait pour commencer : repas gratuits au restaurant à volonté,
douches chaudes, lave-linge, parking pour dormir et un salaire plus que
correcte.
La parking squatté par les backpackers |
Nous étions bien contents, de plus que le job était vraiment très
tranquille, on peut même dire qu’on ne foutait rien ! Nous ne comprenions
pas vraiment pourquoi nous étions embauchés, et tout les backpackers du coin
étaient également là. Comme d’habitude, une bonne dose de français, quelques
asiatiques et un allemand.
Nous passions notre temps à faire des courses de golfette à l'hôtel |
Ce job nous a permis de rencontrer des gens formidables, nous étions comme une famille, l’entraide était de mise
et les soirées s’enchainaient.
Une bonne galette bretonne |
Match de l'Euro de foot en direct d'Australie |
Après deux semaines de travail
dans l’hôtel, le poisson mord, je suis contacté par une grosse entreprise du
coin pour un job d’estimateur. Je dois chiffrer des appels d’offres dans la
construction et soumettre un prix au client. Plutôt intéressant. Je file de ce
pas passer un entretien qui, en cinq minutes, se conclu par un « bienvenu
à bord Jérémy ». Problème : je dois quitter l’hôtel sans avoir le
temps de poser un préavis, je risquais alors de ne pas être payé… Je tombe donc
« malade » et file bosser en tant qu’estimateur. Le salaire est
clairement plus intéressant, trois fois plus qu’à l’hôtel. J’ai alors la chance
de tester le métier de cadre en Australie, très différent de la France.
Personne ne porte de costar-cravate, la tenue des ouvriers est la même que
celle des ingénieurs. Les habitants de Port Hedland se baladent donc en ville
avec un joli haut orange portant leur nom et leur compagnie.
L’ambiance au bureau est
décontractée, les gens font les horaires qu’ils veulent. Nous avons une cuisine
intégrée et mangeons directement dans les bureaux. Pour info, les australiens
s’empiffrent toute la journée et lâchent de bon gros rots sans gène… Bienvenu
en Australie ! Mes collègues n’hésitent pas à mettre de la musique et même
à chanter ou siffler. Très différent de la France ! Une expérience au
final qui s’est avérée très intéressante d’un point de vue humain, culturelle et
qui m’a permis de développer de nouvelles compétences. J’ai aussi regoûter au
métier d’ingénieur pour me rappeler ce qui m’attend à mon retour…
Un exemple de machine sur laquelle j'ai pu travailler |
Mais pour le moment, c’est retour
au voyage. Nous avons aujourd’hui suffisamment d’argent pour finir le tour de
l’Australie. Un petit entretien de Tintin ainsi qu'une ré-immatriculation dans le Western Australia furent nécessaire, en effet nous étions hors la loi depuis 3 mois ne pouvant renouveler notre vignette. Celle-ci ne se faisant qu'à Sydney.
J'ai également écrasé mon premier kangourou... Celui-ci s'est jeté sous mes roues en pleine nuit. Paix à son âme. On l'aurait bien mangé quand même !
Nous sommes actuellement sur la route direction le Kimberley pour
la grande aventure : 700 km de pistes de 4x4 au milieu de gorges, de
rivières à traversées, d’oasis et de crocodiles ! A bientôt si on revient
vivant !
très drôle la dernière phrase!l'art et la manière d'angoisser sa mère!!!!!!
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